Utilisation des antipsychotiques en France

Les neuroleptiques sont des médicaments utilisés en particulier dans le traitement de la schizophrénie. L’utilisation des neuroleptiques de deuxième génération paraît augmenter fortement actuellement, notamment chez l’enfant. En outre, certains de ces médicaments ont récemment fait l’objet d’extension d’indication ou de recommandations visant à limiter la prescription. Dans ce contexte, un état des lieux récent de l’utilisation de ces médicaments en France apparaissait indispensable.

Les neuroleptiques sont des antagonistes dopaminergiques, propriété qui serait responsable de leur efficacité dans le traitement des troubles psychotiques, mais qui est à l’origine de nombreux effets indésirables, notamment extrapyramidaux. On distingue habituellement les neuroleptiques dits de première génération et ceux dits de deuxième génération, d’introduction plus récente. Les neuroleptiques de deuxième génération sont également appelés neuroleptiques « atypiques » du fait qu’ils diffèrent des neuroleptiques de première génération par certaines propriétés pharmacologiques, notamment un antagonisme sérotoninergique. D’un point de vue clinique, cette propriété pharmacologique se traduit par un profil d’effets indésirables différent,  associé dans les essais cliniques à moins d’effets indésirables extrapyramidaux, mais à plus d’effets indésirables métaboliques. Les neuroleptiques de deuxième génération constituent dorénavant le traitement de première intention des troubles psychotiques. Certains neuroleptiques ont également des indications dans le traitement de troubles non psychotiques (états maniaques dans le trouble bipolaire, troubles graves du comportement avec agitation et agressivité chez l’enfant, agressivité persistante chez les malades atteints d’une démence d’Alzheimer, par exemple).

Depuis la mise à disposition des neuroleptiques de deuxième génération, l’utilisation des neuroleptiques en population générale a augmenté et ce, y compris chez l’enfant. Cette augmentation est liée à une progression régulière de la consommation de neuroleptiques de deuxième génération, celle de neuroleptiques de première génération étant à l’inverse en diminution. L’exposition aux neuroleptiques aux âges extrêmes de la vie fait l’objet d’une attention particulière : les effets à long terme d’une exposition aux neuroleptiques sur le développement neurocognitif des jeunes enfants restent méconnus et l’hypothèse d’une plus grande vulnérabilité des enfants aux effets indésirables endocriniens et métaboliques des neuroleptiques de deuxième génération est soulevée. Chez les plus âgés, les neuroleptiques sont fréquemment prescrits dans le traitement des troubles du comportement chez les malades atteints de démence et des épisodes de confusion aiguë ; cependant, une augmentation du risque de chute, d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus du myocarde et de décès a été mise en évidence par plusieurs études, ainsi qu’une augmentation du risque d’effets indésirables graves chez les malades traités de façon concomitante par inhibiteurs de l’acétylcholinestérase.

Dans ce contexte d’utilisation croissante des neuroleptiques de deuxième génération, notamment chez l’enfant, d’extension d’indication de certains neuroleptiques et de recommandations visant à limiter la prescription des neuroleptiques chez les malades atteints de démence, cette étude avait pour objectifs : i) de décrire l’utilisation prévalente des neuroleptiques en France de 2007 à 2013, en identifiant les prescriptions réalisées dans des situations à risque  ; ii) de décrire l’utilisation incidente des NL de 2007 à 2012, en identifiant les prescriptions réalisées dans des situations à risque ; iii) d’étudier la persistance à cinq ans des traitements par neuroleptiques chez les utilisateurs incidents identifiés en 2007 et 2008.


Valorisation de la recherche

 

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