Utilisation des antidépresseurs chez l’enfant et l’adolescent en France

Les antidépresseurs inhibiteurs du recaptage de la sérotonine sont associés à un risque de comportement suicidaire chez l’enfant et l’adolescent. La communication sur le risque de comportement suicidaire dès 2004 a eu pour conséquence de décourager transitoirement la prescription des antidépresseurs dans cette population en Amérique du Nord et en Europe. Qu’en est-il en France ?

Le risque suicidaire chez l’adolescent atteint de dépression et non traité est important, et les antidépresseurs sont des traitements efficaces dans les formes modérées à sévères de dépression. La fluoxétine est, à ce jour, le seul antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine (IRS) ayant une autorisation de mise sur le marché et un rapport bénéfice/risque jugé positif dans le traitement de la dépression chez les moins de 18 ans. La recommandation d’éviter les autres IRS chez les moins de 18 ans date de 2004 aux Etats-Unis et de 2005 en France et en Europe ; elle a été émise après la mise en évidence d’un risque de comportement suicidaire (idées suicidaires, tentatives de suicide) multiplié par deux chez les jeunes traités par antidépresseurs versus placebo. Dans les deux années qui ont suivi la diffusion de cette recommandation en Amérique du Nord et en Europe, une diminution de l’utilisation des antidépresseurs chez l’enfant et l’adolescent était observée aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni ; cette diminution n’a cependant été que transitoire.

Si la communication sur le risque de comportement suicidaire chez l’enfant et l’adolescent a eu pour conséquence de décourager transitoirement la prescription des antidépresseurs dans cette population, cela aurait également eu pour effet de décourager le recours aux services de soins de santé mentale. Ainsi, parallèlement à la diminution de l’utilisation des antidépresseurs, une diminution importante des diagnostics de nouveaux cas de dépression chez les jeunes était enregistrée aux Etats-Unis alors que la prévalence de la maladie restait stable, et aucune compensation en terme de recours à un autre type de traitement (psychothérapie ou autres psychotropes) n’était observée.

Dans ce contexte, l’objectif de ce travail était de décrire l’utilisation prévalente et incidente des antidépresseurs chez l’enfant et l’adolescent en France de 2007 à 2014, ainsi que l’évolution du nombre de délivrances annuelles de ces médicaments sur la même période.


Valorisation de la recherche

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