Grossesse et utilisation des antidépresseurs : étude descriptive

Initier, interrompre ou modifier un antidépresseur pendant la grossesse nécessite d’évaluer, pour la mère et l’enfant à naître, les risques associés au traitement et ceux associés à une dépression non traitée. Dans ce contexte difficile, comment les traitements antidépresseurs sont-ils gérés dans la pratique clinique ?

La prévalence de la dépression pendant la grossesse varie selon les études de 7 % à 20 %. La dépression prénatale étant à la fois un facteur de risque majeur de bon développement fœtal et de dépression du post-partum, le maintien d’un bon équilibre psychique maternel doit être recherché. Les interventions non pharmacologiques sont privilégiées pour les dépressions légères à modérées. Les antidépresseurs sont indiqués pour les formes plus sévères ou lorsque les autres options de traitement sont inaccessibles ou inefficaces. Initier, interrompre ou modifier un antidépresseur pendant la grossesse nécessite d’évaluer, pour la mère et l’enfant à naître, les risques associés au traitement et ceux associés à une dépression non traitée.

Les médicaments à envisager en première intention sont les antidépresseurs inhibiteurs du recaptage de la sérotonine (IRS). Sur la base des études conduites à ce jour, le risque global de malformations majeures lié à l’utilisation des IRS pendant la grossesse n’apparaît pas augmenté.

Si ces données globales sont rassurantes et conduisent à prioriser avant tout le juste traitement de la dépression pour limiter les risques de complications liées à cette maladie, des interrogations existent cependant concernant des problèmes plus précis de sécurité, qui justifient la surveillance de l’utilisation de ces médicaments au cours de la grossesse.

Parmi ces risques potentiels, on peut retenir les interrogations existantes concernant un risque de malformation cardiaque avec la paroxétine et la fluoxétine, ou le risque potentiel d’hypertension artérielle pulmonaire du nouveau-né, retrouvé augmenté dans plusieurs études, mais pour lequel la nature causale de l’association reste très débattu. Les effets à long terme d’une exposition in utero aux antidépresseurs sur le développement de l’enfant restent en outre mal connus, et des interrogations persistent concernant en particulier le risque de troubles neuro-développementaux. Dans ce domaine, des données épidémiologiques récentes suggèrent une augmentation du risque de troubles du spectre de l’autisme chez des enfants exposés aux IRS et aux inhibiteurs du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline pendant la grossesse, avec cependant des discordances entre les études existantes. Comme précisé auparavant, les informations concernant ces risques potentiels sont, à l’heure actuelle, considérées comme insuffisantes pour remettre en cause les recommandations qui préconisent la poursuite d’un traitement antidépresseur efficace pendant la grossesse en raison du risque de rechute de la maladie.

Dans ce contexte complexe, l’utilisation en pratique courante des antidépresseurs au cours de la grossesse reste insuffisamment explorée, notamment en termes d’arrêt ou de changement de traitement. L’objectif principal de ce travail était d’estimer la prévalence et l’incidence d’utilisation des antidépresseurs pendant la grossesse en France en 2014. Les objectifs secondaires étaient de décrire les caractéristiques de l’exposition aux antidépresseurs au cours de la grossesse selon les trimestres de grossesse et les changements de traitement avant et au cours de la grossesse ; les caractéristiques des femmes exposées aux antidépresseurs pendant la grossesse et les différentes issues de grossesse.


Valorisation de la recherche

 

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