Médicaments et risque d’accidents de la route

Chaque année dans le Monde, près de 1,5 million de personnes sont tuées sur les routes et plus de 100 millions sont blessées. Les facteurs humains impliqués dans ces accidents incluent les comportements des conducteurs (vitesse, alcool, infractions), mais aussi les incapacités liées aux maladies, handicaps, ou bien encore la prise de médicaments.

Même si l’impact des facteurs liés à la santé sur l’insécurité routière est reconnu, cette thématique est encore relativement peu explorée sur le plan épidémiologique. Selon les données de la littérature disponibles, les grandes catégories de médicaments présentant un risque potentiel pour la sécurité routière comprennent les benzodiazépines et apparentées (catégorie qui a montré les associations les plus cohérentes avec le risque d’accident), les antidépresseurs et les opiacés.

Le projet CESIR (Combinaison d’Etudes sur la Santé et l’Insécurité Routière) a pour objectif d’évaluer la place des médicaments comme cause d’accidents de la circulation. Ce projet est mené depuis plusieurs années par l’équipe Injury Epidemiology, Transport, Occupation (IETO) du centre de recherche INSERM U1219. A l’origine, ce projet s’inscrivait dans le programme de l’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments et des produits de santé (ANSM) en 2003, visant à élaborer une classification des médicaments en trois niveaux, selon le risque d’altération des capacités de conduite. Les données épidémiologiques issues de CESIR ont permis d’affiner, valider cette gradation et d’évaluer son impact sur le risque d’accident de la route.

La méthodologie consiste à apparier de façon anonyme les données de remboursement de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés avec les données sur les accidents corporels recueillies par les forces de l’ordre. L’échantillon d’analyse est constitué de tous les conducteurs et piétons impliqués dans un accident corporel pour lesquels l’appariement est rendu possible par l’identification du numéro de sécurité sociale dans le procès-verbal d’accident. Actuellement, la base CESIR comporte les données pour environ 150 000 conducteurs accidentés. Il s’agit de l’étude la plus large jamais conduite liant les données de consommation médicamenteuse avec des données d’accidentologie. Sa puissance permet notamment d’évaluer l’impact de molécules dont la fréquence d’utilisation est modérée.

Dans le cadre de la plateforme DRUGS-SAFE, l’association entre le risque d’accidents de la route et la consommation de médicaments a été estimée pour les classes suivantes : antihistaminiques H1 sédatifs, médicaments ayant des propriétés anticholinergiques, antidiabétiques non insuliniques et médicaments hypotenseurs. A également été étudié : le risque d’accident de la route associé à la prise de benzodiazépines après la mise en place du pictogramme à trois niveaux de risque ; l’impact des médicaments sur le risque d’accident chez les piétons ; le risque d’accident de la route à la suite du retrait de certains médicaments (tétrazépam, dextropropoxyphène) ; l’évolution de la prévalence de consommation de benzodiazépines et du risque d’accident de la route.


Valorisation de la recherche

 

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